Accrochée aux clefs de voiture

Une petite fée boudeuse

Voudrait déchiffrer l’écriture

Un peu tremblante et nerveuse

D’un numéro de téléphone

Griffonné entre les rayures

D’un joli paquet de chewing-gum

Rescapé de la déchirure

Adossés au magazine

Les mots fléchés, l’aspirine

Le jeton bleu pour le caddie

Tickets resto, sans l’appétit

Le photomaton de son père

Le souvenir d’une paire de claques

Tous ces garçons qui espèrent

Et le seul qui compte qui la plaque

Elle aimerait vider son sac

Rangés à côté du chéquier

Une facture impayée

Un billet de train pour nulle part

Qui n’entrera jamais en gare

Le casque plein de solitude

Comme un soleil au fond d’un lac

Besoin de prendre de l’altitude

Entre les oreilles quand tout craque

Elle aimerait vider son sac

Un peu trop lourd pour ses épaules

Lorsque la légèreté somnole

Derrière ce double fond opaque

Elle aimerait vider son sac

Contre l’étui des lunettes

Liste des courses et cigarettes

La danse du rimmel et du fard

Ne sert qu’à séduire les miroirs

Pour arrêter ce tourbillon

Se sentir à nouveau d’attaque

Elle voudrait bien sans compassion

Enfin tout balancer en vrac

Elle aimerait vider son sac

(Nicolas Vitas)